Dossier du Mois –> Juillet 2024

L’asthme équin

 

L’asthme équin est un terme assez récent qui regroupe la maladie inflammatoire (ou asthme équin léger-modéré) et la maladie obstructive (ou asthme équin sévère) des voies respiratoires profondes plus communément appelée emphysème.

Cette maladie concerne les chevaux adultes jeunes et les adultes d’âge moyen à avancé. Elle est due à plusieurs facteurs : génétique, hypersensibilité individuelle mais aussi déclenchement par des allergènes (comme les moisissures ou poussières des fourrages par exemple).

 

Les symptômes de l’asthme équin sévère se manifestent par des crises où la respiration devient rapide et difficile. On note également des écoulements nasaux qui peuvent devenir purulents mais toujours sans fièvre et la présence d’une ligne de pousse. Ces crises sont récurrentes et il n’y a pas de guérison totale possible. Les signes peuvent même être présents au repos contrairement à la forme légère de l’asthme équin.

Dans le cas de l’asthme équin léger-modéré les signes cliniques sont moins visibles : toux, intolérance à l’effort. Cette forme est réversible contrairement à la forme sévère.

Les facteurs de risque d’apparition de cette maladie sont principalement la présence de fines particules ou poussières dans l’environnement du cheval, en particulier dans l’alimentation comme le foin sec et la litière paille. Les particules passent dans l’appareil respiratoire du fait de leur petite taille et provoquent une inflammation des voies respiratoires.

Il apparait également qu’une sensibilité individuelle entre en ligne de compte par des facteurs génétiques. Certaines races comme les Lipizzans seraient plus à risque mais à l’heure actuelle ce n’est pas une maladie héréditaire.

Le diagnostic repose évidemment sur l’examen clinique et les symptômes mais pour confirmer cette affection le diagnostic de certitude repose sur une analyse du liquide broncho alvéolaire recueilli par lavage avec du liquide physiologique fait au moyen d’une sonde que l’on vient mettre dans la trachée.

La présence de globules blancs (les neutrophiles) en quantité trop importante confirme le diagnostic d’asthme équin. Plus l’asthme est sévère plus la proportion de globules blancs est importante. Il faut bien différencier l’asthme équin d’autres pathologies comme les bronchopneumonies qui sont bien souvent accompagnées de fièvre et qui s’améliorent avec un traitement anti infectieux contrairement à l’asthme.

La prise en charge de cette pathologie repose sur plusieurs axes :

  • Premièrement soustraire le cheval aux éléments irritants comme les poussières dans l’alimentation et l’environnement

En effet, la poussière en suspension dans l’air est irritante pour ces chevaux il faut donc la limiter au maximum ce qui passe par une vie au pré dans l’idéal. Si ce n’est pas possible il faut enlever la litière en paille et privilégier le copeau, les tapis ou ne pas mettre du tout de litière. Les sorties en extérieur doivent être maximisées notamment si on distribue du foin ou si on cure dans l’écurie. Les bâtiments doivent être ventilés régulièrement

Le foin doit être supprimé, ou si l’asthme est léger, la méthode de distribution doit être adaptée (pas de botte entière ou roundballer à volonté). Dans le cas où on supprime le foin, celui-ci doit être remplacé par des granulés de foin, cubes de foin ou même de l’ensilage en sac (attention ensilage chevaux et pas en grosse quantité). On peut également tremper le foin 45 minutes ou le traiter par la vapeur en alternative. Cela ne suffit pas toujours pour les asthmes sévères.

  • Deuxièmement il faut diminuer l’inflammation des voies respiratoires ;

Cela passe par l’administration de corticoïdes qui sont des puissants anti-inflammatoires. Ils sont administrés soit par voie injectable, soit par inhalation via un nébuliseur/inhalateur. Le traitement seul par corticoïdes ne suffit pas, il faut absolument adapter l’environnement sinon le cheval fera une nouvelle crise car les corticoïdes ont une durée de vie courte et ne peuvent pas être utilisés au long terme car ils ont des effets secondaires ;

Pour les formes sévères le cheval a souvent beaucoup de mucus dans les voies respiratoires et il est en détresse respiratoire, on passe donc au départ par la voie injectable avant de passer par inhalation qui est la technique qui a le moins d’effets secondaires.

Une complémentation en acide gras Oméga 3 est également recommandée du fait de leurs propriétés anti inflammatoires.

  • Diminuer le spasme des bronches

On associe souvent les corticoïdes inhalés avec un bronchodilatateur qui va permettre d’ouvrir les bronches et de laisser le cheval mieux respirer.

 

Il faut retenir que le traitement seul de la crise avec des molécules vétérinaires ne suffit pas et que la prise en charge de cette pathologie doit se faire sur du long terme avec des mesures environnementales. Il est illusoire de traiter un cheval pour un asthme sévère et de le laisser en box au foin. Sa pathologie ne fera qu’évoluer. Les mesures environnementales et surtout la gestion de l’alimentation sont très problématiques, et notamment dans le cas de chevaux de sport qui restent en box, car la suppression du foin n’est pas anodine pour un animal qui est censé manger au moins 16h par jour. Cela occasionne d’autres pathologies comme des ulcères de l’estomac, c’est pour cette raison qu’il faut suivre les conseils de votre vétérinaire.