Dossier du Mois –> Mars 2024

Le projet GIVERNI sur la parasitologie, Bilan de la première année de collecte.

 

Les bovins pâturant sont pratiquement toujours soumis à une pression parasitaire due en particulier aux strongles digestifs. Ils sont néanmoins capables au fil du temps d’apprendre à s’immuniser et de contrôler le niveau de cette infestation parasitaire. Certains s’immunisent mieux et plus vite, sans que l’on sache aujourd’hui si un ou plusieurs caractères génétiques expliquent ces différences.

Pour rappel le but de cette étude était :

  • De déterminer des critères de résistance et de sensibilité
  • D’intégrer ces critères dans les programmes de sélection
  • De ne pas traiter les animaux qui résistent le mieux et d’éviter que n’apparaissent trop vite des résistances des strongles aux antiparasitaires
  • De pouvoir repérer les animaux les plus à risque et de pratiquer ainsi des traitements sélectifs

Les élevages collectés devaient correspondre à plusieurs critères et notamment :

  • Élevage de Prim’Holstein
  • En insémination artificielle
  • Avec un lot d’au moins 10 génisses en 1er saison de pâture et pâturant au moins 5 mois sans traitement vermifuge
  • Contention au moment de la rentrée à l’étable

Sur la première année de prélèvements qui ont eu lieu entre octobre 2023 et janvier 2024, 10 élevages ont été collectés dans le Maine et Loire.

Les prélèvements ont été faits par les vétérinaires des exploitations avec le matériel apporté par un technicien ou le véto du GDS. Les visites ont été fixées maximum 1 mois et demi après la rentrée à l’étable par l’éleveur et son vétérinaire. Généralement pour un lot de 10 à 20 génisses les prélèvements étaient réalisés en une heure et demi. Chaque éleveur a donc reçu environ 15 jours après des résultats d’analyses de pepsinogène, de coproscopie et le génotypage (prévu en avril) de ces génisses suite à l’étude.

123 cheptels ont été collectés en Grand Ouest sur cette première saison de prélèvement :

  • 39 en Bretagne
  • 30 en Normandie
  • 54 en Pays de la Loire

Pour un total de 1801 génisses soit 13 en moyenne par cheptel sur les 3 000 nécessaires au projet.

Nous pouvons nous satisfaire de cette première saison de prélèvement et préparer au mieux la prochaine. Merci aux éleveurs, aux vétérinaires et personnel GDS pour leur investissement !

Quelques éléments ressortent déjà des premières analyses de données terrain :

  • La date de mise à l’herbe moyenne sur le Grand Ouest est fin avril avec un minimum au 15 févier.
  • 80 % des lots avaient une date unique de mise à l’herbe pour l’ensemble des génisses.
  • En moyenne les génisses prélevées avaient pâturé 6.5 mois. La Normandie avait recruté de nombreux élevages mais un passage de bronchite vermineuse cet été, entrainant un traitement au-delà du 15 juillet, a écarté plusieurs élevages de l’étude pour cette saison.
  • En moyenne il s’est passé 20 jours entre la rentrée à l’étable et les prélèvements avec 25% des génisses au-delà d’un mois. Nous ne connaissons pas totalement la dynamique du pepsinogène une fois les bovins rentrés, mais il est probable qu’il diminue rapidement. Ce délai devient potentiellement un biais dans l’analyse des résultats. Il faudrait que lors de la deuxième saison de prélèvement, nous arrivions tous à programmer plus rapidement les interventions.

Le pepsinogène est physiologiquement secrété par les cellules principales de la muqueuse de la caillette. Lors d’infestation par le strongle digestif Ostertagia, entre autres, sa sécrétion est augmentée, de même que son passage dans la circulation sanguine. Le dosage du pepsinogène sérique (dans le sang) permet donc, dans certains cas, de juger de l’intensité de l’agression ou du niveau de la charge parasitaire par Ostertagia chez les bovins. En fin de saison de pâturage (1ère année en élevage laitier, 1ère et 2ème année en élevage allaitant), il existe une proportionnalité entre la mesure du pepsinogène sérique et la charge parasitaire de la caillette essentiellement constituée de larves L4 d’Ostertagia en hypobiose (larves « bloquées » dans la paroi gastrique suite aux réactions immunitaires)

Le dosage de pepsinogène est interprété suivant la valeur moyenne du lot et non à l’échelle individuelle pour déterminer si un traitement est à prévoir ou non. Les signes visuels prédominent sur la valeur individuelle d’un pepsinogène. La valeur moyenne sur l’échantillonnage de l’étude est plutôt bas (1200). Par contre il existe une dispersion des valeurs individuelles au sein des lots, ce qui est primordial pour le but de l’étude.

24% des génisses ont des coproscopies nulles sur le plan individuel. Mais 80% des lots ont plus de la moitié des génisses qui excrètent.

Ce sont des résultats préliminaires, divers facteurs seront à prendre en compte pour poursuivre l’interprétation des résultats : date de mise à l’herbe, date de rentrée, date de prélèvements, durée effective de pâturage (sans couverture antiparasitaire)

Des prélèvements salivaires ont été effectués sur les génisses et envoyés en Nouvelle Zélande où ils utilisent chez les moutons un test salivaire qui dose les anticorps dirigés contre les parasites. Plus le résultat est élevé, meilleure est l’immunité. Suivant les résultats obtenus, les résultats pourront être intégrés dans le projet et peut-être devenir une nouvelle méthode en France.

Ces résultats terrain devront permettre ensuite de construire des modèles phénotypiques qui seront à mettre en lien avec le profil génomique des génisses et voir s’il existe un déterminisme génétique dans la résistance aux strongles digestifs.  Nous espérons avoir une première tendance avant le début de la prochaine campagne de prélèvement.