Dossier du mois – Octobre 2022

 

Et en Belgique comment ça se passe ?

L’Assemblée Générale du GDS s’est tenue le Jeudi 13 Octobre au Campus de Pouillé où nous avons accueilli Jean-Yves HOUTAIN, Directeur Epidémiologique de l’ARSIA, qui nous a présenté leur modèle sanitaire en s’appuyant sur leur gestion de l’IBR, de la BVD et de la Paratuberculose.

Jean-Yves HOUTAIN, Directeur Epidémiologique de l’ARSIA

 

Organisation sanitaire

L’ARSIA est l’Association Régionale de Santé et d’Identification Animale wallone. De part le nom, nous percevons déjà la première différence avec notre modèle GDS Maine et Loire qui n’a jamais géré l’identification (contrairement à d’autres départements français). Mais l’ARSIA compte en plus le département laboratoire agréé. L’homologue flamand est la DGZ. Les deux associations doivent donc se mettre d’accord pour demander à l’Agence Fédérales la règlementation d’une maladie sous Arrêté Royal. Les stratégies de lutte se décident avec les associations sanitaires, les syndicats agricoles et vétérinaires, le négoce et l’agence fédérales. Les discussions sont souvent longues avec des compromis à la belge !

Paysage agricole belge

La Wallonie compte 1 150 000 Bovins pour 9 400 exploitations à orientation naisseur allaitant, ce qui n’est pas une surprise. L’engraissement est plus prédominant en Flandres. L’élevage des petits ruminants se répartit sur l’ensemble de la Belgique contrairement à l’élevage porcin et avicole qui se concentrent en Flandres.

 

L’IBR 

La surveillance IBR a débuté à la fin des années 90 avec rapidement un Arrêté Royal autorisant la vaccination délétée uniquement (permettant de faire le distinguo entre les anticorps dus à la vaccination ou à l’infection). La Belgique a misé sur la vaccination pour gérer l’IBR en la rendant obligatoire dès 10% de porteurs. La lutte est volontaire de 2007 à 2012 puis obligatoire ensuite. (Pour rappel en France la lutte est obligatoire depuis 2016). En 2021, comme pour la France, la LSA rentre en vigueur avec un objectif d’éradication à 2027. Avant la LSA, la Belgique a donc misé sur la vaccination pour gérer l’IBR en la rendant obligatoire dès 10% de porteurs pour tout le cheptel.

Pour quels résultats ? 95.4% des cheptels sont indemnes d’IBR à ce jour. (96.4% en Maine et Loire)

Comme en France les règles vont se durcir jusqu’en 2027 car notre objectif est que 99.8% des troupeaux représentant 99.9% des bovins soient indemnes d’IBR. En 2024, en Belgique, le statut infecté devient illégal et si l’éleveur ne fait rien malgré tout, l’abattage total du troupeau peut être exigé par l’Agence Fédérale Belge. De plus, la vaccination va être interdite en 2024, ce qui a du mal à passer auprès des éleveurs belges.

Au final, la stratégie belge a été différente de celle de la France en optant sur la vaccination pour un résultat à ce jour similaire.

 

BVD :

En 2012, les acteurs belges s’accordent sur une approche crescendo vers l’éradication de la BVD après avoir suivi de près la mise en place du plan allemand et suisse, pour un départ en 2015. Effectivement, leur démarche volontaire a ses limites avec 15% des exploitations qui se recontaminent en 4 ans et des animaux IPI remis sur le marché. La mise au point de l’analyse sur cartilage auriculaire les a convaincus et a facilité cet engagement.

Le choix ne s’est pas orienté, à l’image de l’IBR, sur la vaccination car il n’existe pas de vaccin délété et peu de publication montre son efficacité en matière d’assainissement. Et le dernier point non-négligeable est leur expérience de la vaccination de l’IBR qui a été lourde administrativement.

Le plan de lutte a donc été progressif :

  • Phase 1 : 2015
    • Dépistage sur les veaux nés
    • Blocage des IPI
  • Phase 2 : 2017
    • Dépistage obligatoire AVANT la vente (bovins non certifiés)
    • Elimination obligatoire des IPI
    • Dépistage obligatoire de tous les bovins de statut BVD inconnu
  • Phase 3 : 2019
    • Démarrage de la qualification troupeau « indemne de BVD »
    • Arrêt possible du dépistage virologique dans les troupeaux indemnes
    • Monitoring sérologique
  • Phase 4 en discussion :
    • Mesures à l’encontre des troupeaux infectés « chroniques »
    • Limitation de mouvement des femelles en âge de reproduction provenant de troupeaux non indemnes

Le statut troupeau indemne de BVD est défini, contrairement à la France où nous sommes encore sur du statut individuel. Les conditions d’octroi sont :

  • 100 % des bovins présents ont un statut « non IPI »
  • Tous les bovins sortis au cours des 12 derniers mois étaient certifiés « non IPI »
  • Aucun résultat + au cours des 12 derniers mois pour les avortons et mort-nés et l’achat

Les troupeaux indemnes peuvent ensuite être suivis en sérologie sur sentinelles (10 bovins minimum) mais la classe d’âge est entre 9 et 14 mois. (En France, les sentinelles sont sur des bovins de 8 à 24 mois)

En pratique, la majorité des éleveurs restent au dépistage à la naissance car bon nombre d’entre eux n’ont pas assez de bovins pour les sentinelles et le dépistage à la naissance est rentré dans les mœurs. De plus, la Belgique a une banque de cartilage de tous ses bovins. Et pour finir en dépistage sérologique, les contrôles à l’achat sont obligatoires.

En 7 ans, ils sont passés de 0.53% des naissances IPI à 0.026% en 2021.

Ils n’ont plus que 3 IPI de présents à ce jour quand en Maine et Loire nous en avons 32.

La question suivante est l’éradication est-elle proche ? Avec une reconnaissance du plan et statut auprès de l’UE

Comme on peut le voir dans l’encadré noir, le nombre d’élevage est infecté est très faible mais tous les mois il y en a alors que tous les bovins sont qualifiés NON IPI. La BVD circule donc encore. On pourrait également penser en regardant la cartographie ci-dessous qu’il y a des clusters de BVD. Après enquête épidémiologique et séquençage du virus, les souches sont différentes sur ces « clusters ». L’enquête épidémiologique n’arrive pas forcément à conclure systématiquement sur l’origine de la contamination.

 

La règlementation belge en matière de BVD est efficace :

  • Dépistage à la naissance depuis 2015
  • Contrôle des mouvements
  • Blocage des IPI (ordre d’abattage par l’agence fédérale)

La France a opté pour deux modes de surveillance : la sérologie ou la virologie. Pourquoi pas que la virologie qui semble très efficace ? Les régions comme le Grand Ouest qui avaient mis en place une surveillance et des plans volontaires depuis longtemps ne souhaitaient que leurs éleveurs « repartent » à zéro en dépistant toutes leurs naissances. En Maine et Loire, nous sommes aujourd’hui à 88% de cheptels favorables, la prochaine étape est de pouvoir définir le statut indemne en sérologie. Par contre il nous manque cruellement un contrôle aux introductions et une gestion des anomalies qui évitent les contaminations de voisinage.

 

La Paratuberculose :

Par manque de temps, cette partie n’a pas pu être présentée en Assemblée Générale.

Deux plans coexistent en matière de paratuberculose : un plan de contrôle à l’initiative du secteur laitier et un plan de lutte de l’ARSIA.

Plan de contrôle :

Ce plan est national à l’initiative du secteur laitier, volontaire ou obligatoire selon les laiteries dont l’objectif est de catégoriser le risque de présence du bacille de la paratuberculose dans le lait.

Toutes les femelles de plus de 30 mois sont dépistées sur lait ou sang individuel. Les séropositifs doivent être réformés ou être testés négativement en PCR (absence d’excrétion). Ce plan est réalisé avec une aide 0.75€ par bovin soit un coût de 3.9€/bovin.

Trois niveaux de risque sont ensuite fixés : A, B et C

Le taux de participation est d’aujourd’hui environ 45% en Wallonie, 95% en Flandre car il y a peu de pression des laiteries wallones. Les éleveurs négatifs n’ont pas de valorisation financière du lait produit. Ce plan est vu une première approche et complémentaire au plan ARSIA.

Plan ARSIA :

C’est un plan volontaire basé sur un dépistage sérologique sur tous les plus de 24 mois, comme le GDS.

En revanche, il est complété par une PCR sur fécès individuelles. Le contrôle à l’introduction est obligatoire sur les plus de 24 mois. Les bovins Séro + / PCR + sont priorisés dans la réforme. 110 éleveurs sont aujourd’hui en plan volontaire. Des aides à l’analyse existent, pas sur la réforme des bovins.

Si on compare l’efficacité des deux plans :

L’efficacité du plan de contrôle semble meilleure au plan ARISA. Pourquoi ? Le public visé n’est pas le même. Le plan ARSIA est plus coûteux donc l’implication des éleveurs est autre que sur le plan de contrôle.

Pour rappel en Maine et Loire, nous surveillons la paratuberculose sur mélange de sérum avec reprise du mélange si positivité ou lait de tank. Le plan d’assainissement passe par un dépistage de tous les bovins de plus de 24 mois. La PCR sur fèces a été envisagée sur le passé mais non retenue car cela reste coûteux pour qu’au final tous les séropositifs doivent être réformés. Les éleveurs n’ont pas donc pas adhéré. De plus l’excrétion fluctue selon divers paramètres. Donc un résultat négatif reste à prendre avec des pincettes. Nous concluons un plan après réforme des positives en sérologie avec une PCR d’environnement pour confirmer l’absence d’excrétion. Il existe des démarches de qualification en paratuberculose : l’AFSE (ex ACERSA) dont le risque d’avoir la paratuberculose est inférieur à 2% et l’attestation Grand Ouest avec un risque inférieur à 3‰. Le développement de cette dernière est l’objectif de cette nouvelle campagne GDS.

Pour conclure, il a été très intéressant de savoir comment nos voisins gèrent le sanitaire dans leurs cheptels et qu’ils existent plusieurs solutions pour arriver au même but. Nous avons à apprendre de l’expérience des autres. Les contacts entre les structures vont donc continuer !