Les parasites du veau en bâtiment

Les COPROs, c’est aussi chez les VEAUX !

Les parasites digestifs du veau en bâtiment

 

Une fois passé le cap des diarrhées virales, bactériennes et alimentaires chez le veau, il reste encore la gestion des parasites digestifs au bâtiment.

La cryptosporidiose, mieux vaut prévenir que guérir !

Malheureusement bien connue des éleveurs, la cryptosporidiose est une parasitose de plus en plus répandue. C’est une maladie qui peut contaminer l’homme (Cryptosporidium parvum). Elle est quasi impossible à traiter mais elle est possible à prévenir. Le parasite existe dans tous les élevages mais en revanche, la maladie ne se manifeste pas partout. L’éradication est utopique, il faut avoir pour objectif un « contrôle » de la maladie. Un veau sur dix sans diarrhée excrèterait quand même des cryptosporidies. En atelier laitier, la cryptosporidiose est aujourd’hui la première cause de diarrhée chez le veau (en 2nd : rotavirus). Cette maladie est très problématique car elle cause des retards de croissance, de la mortalité, des surcoûts, des contraintes de gestion.

Le parasite est excrété dans les fèces sous la forme d’ookyste, très résistant dans l’environnement (> 1 an). Les adultes ne sont pas les réservoirs du parasite pour les jeunes animaux. Les sources de cryptosporidies pour le veau sont les locaux  et le veau lui-même. Il se contamine dans les 15 premiers jours de vie.

Pour connaître les facteurs de risque de la cryptosporidiose – on parle souvent d’hygiène du bâtiment, de densité des animaux – mais il est surtout nécessaire de faire une enquête épidémiologique  entre 0-7j dans l’élevage pour voir quelles sont les pratiques à risque. L’utilisation de lait acidifié ou fermenté semble favorable dans la gestion de la maladie. Il existe une très grande variabilité d’excrétion  et de symptômes exprimés (comme la durée de la diarrhée).

Le diagnostic peut être clinique mais il doit être appuyé par des examens complémentaires comme la coproscopie. Les facteurs défavorables aux cryptosporidies sont les fortes températures (>72 °C pendant 4mn) et la dessiccation. Les produits chimiques désinfectants les plus actifs sont l’ammoniaque, le peroxyde d’hydrogène et le formol. Un logement propre, sec et désinfecté sera donc un élément important pour contrôler cette parasitose.

LES coccidioses : une majorité sans symptômes apparents

La coccidiose est une maladie parasitaire localisée aux intestins, notamment causée chez les bovins par les espèces suivantes : Eimeria bovis, E. zuernii (et E. alabamensis plutôt au pâturage). Elle a une importance économique, et peut être clinique et subclinique (c’est-à-dire sans symptôme apparent). Le portage de coccidies chez les adultes ne semble pas engendrer de maladie chez eux. Les adultes sont des réservoirs des coccidies avec une augmentation d’excrétion autour de la mise bas (liée au déficit immunitaire) donc les vaches sont sans doute à l’origine de la première contamination des jeunes.

Quand elle est clinique, la coccidiose se manifeste par diarrhée +/-sang pouvant apparaitre dès 2.5 semaines d’âge. Il peut aussi y avoir de la déshydratation, un affaiblissement, quelques fois des symptômes nerveux. La gravité est dépendante de la « dose infestante » donc de la contamination de l’environnement du veau.

En revanche, la majorité des coccidioses est subclinique. Elles sont alors responsables d’une moindre efficacité alimentaire et d’un allongement de la durée d’élevage des génisses.

Le diagnostic de la coccidiose peut se faire cliniquement s’il y a des symptômes mais le diagnostic de certitude se fera par coproscopie . Comme les symptômes vont s’exprimer uniquement chez une partie des individus contaminés, il est important de faire des prélèvements sur plusieurs animaux du lot. En pratique, soit on fait 2-3 animaux 2 fois à 3-4j d’intervalle, soit on fait 5-6 animaux du lot en une fois.

Le contrôle de la coccidiose  passe par la réduction des ookystes dans l’environnement (décapage à 120°C) et la diminution des stress (séparation par classe d’âge, écornage différé du sevrage…). Lors de la désinfection des locaux, il faut accorder une importance à la concentration et au temps de contact préconisés du produit utilisé.

Evaluation de l’infestation par coproscopie

 

D’autres parasites présents en bâtiments …

En plus de ces deux parasites extrêmement courants, nous pouvons également trouver, chez le veau en bâtiment :

-la giardiose, transmissible à l’homme mais sans grand impact chez les bovins (pas de médicament avec cette indication)

-et des helminthes, vers parasites responsables de strongyloïdose (en parallèle des coccidies), bunostomose ou trichurose. Ces vers provoquent anémie +/- diarrhée et peuvent donc être très pathogènes. Les traitements anthelminthiques sont efficaces contre ces parasites.

Le diagnostic de ces parasites se fait également par coproscopie.

La diversité des parasites chez le veau en bâtiment montre l’importance des examens complémentaires comme la coproscopie pour identifier et gérer au mieux ces parasites.

 

Murielle GUIARD, Vétérinaire, GDS 72