Un contexte favorable
Depuis plusieurs années, la recrudescence et l’émergence de maladies s’amplifient dans un contexte de changement climatique et de mondialisation des échanges.
Plus particulièrement, les hausses de températures, la modification de la pluviométrie, les changements des vents favorisent les maladies vectorielles via l’extension des zones de présence des vecteurs et l’augmentation de leur présence saisonnière.
Les maladies vectorielles telles que le virus West Nile, la Fièvre Hémorragique de Congo-Crimée (FHCC), la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE) sont particulièrement préoccupantes.
La FHCC, est une maladie zoonotique qui se transmet via les tiques du genre Hyalomma; cette zoonose affecte également les bovins et les petits ruminants qui agissent comme des amplificateurs du virus. La présence de la tique Hyalomma marginatum en Corse et sur le continent (pourtour méditerranéen), associée à la découverte récente du virus dans certains départements, constituent une menace significative pour la santé humaine. Nous vous invitons à l’aborder plus précisément dans l’encadré ci-contre. À noter que les tiques sont les 2e vecteurs après les moustiques pour la transmission de maladies chez l’humain, mais les 1er vecteurs en santé animale.
La FCO et la MHE ont touché la France au cours de l’année 2023. La FCO avec la nouvelle souche BTV-8 a été mise en évidence dans 1 400 foyers en décembre 2023. Une surveillance accrue est d’ores et déjà en place pour la souche BTV-3 qui est présente depuis quelques mois aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique.
La MHE, quant à elle, s’est diffusée depuis le Sud-Ouest du pays avec un statu quo du zonage depuis décembre 2023 : 43 départements en zone régulée et 21 départements avec au moins 1 foyer.
Les impacts zootechniques et sanitaires sont nombreux, incluant une hausse de la mortalité, une baisse de la production laitière et des troubles de la fertilité.
Surveillance, prévention, lutte un tryptique qui fait encore ses preuves
Les épisodes vécus ces dernières années, montrent qu’il est crucial de renforcer la surveillance épidémiologique et d’améliorer la gestion des maladies vectorielles.
Les axes ci-après sont des pistes d’action qui pourront être mises en œuvre : une veille sanitaire active, l’amélioration de la réactivité réglementaire, en lien avec des outils d’aide à la décision et des
méthodes d’évaluation rapide des conséquences cliniques ou commerciales. Une information claire et accessible pour les éleveurs et les vétérinaires et la mise en place de cellules de crise sont également essentielles.
Le changement climatique et les maladies émergentes représentent des défis majeurs non seulement pour l’élevage français mais également pour la santé humaine.
Une anticipation et une préparation rigoureuse sont indispensables pour protéger les populations (humaines et animales).
La collaboration entre les différents acteurs de la santé animale et humaine, dans une démarche “One Health” et une approche intégrée de la gestion des maladies vectorielles seront nos atouts pour relever ces défis.
Fièvre Hémorragique Crimée Congo
Chez l’homme, le virus de la FHCC peut provoquer de la fièvre, des vertiges, des troubles digestifs, et dans de rares cas, être à l’ origine de formes graves avec des saignements incontrôlés.
Le virus de la FHCC est généralement transmis par des tiques du genre Hyalomma (parfois appelée « tique à pattes rayées »), mais une transmission directe est également possible lors d’un contact (sur les muqueuses ou sur une plaie) avec le sang ou les autres fluides biologiques d’une personne malade, ou avec le sang d’animaux virémiques.
Bien qu’à ce jour aucun cas humain autochtone n’ ait été déclaré en France, plusieurs éléments épidémiologiques récents (présence d’anticorps chez des animaux d’élevage et détection du virus chez des tiques collectées sur des bovins) sont en faveur d’une circulation locale du virus dans ces zones et donc d’un risque d’émergence réel.
Les animaux d’ élevage, qui restent asymptomatiques, jouent un rôle important dans cette circulation via l’ amplification et la transmission du virus (malgré une virémie courte), mais aussi via l’entretien des populations de tiques vectrices.
Une fiche d’information est en cours d’élaboration, par GDS France et ses partenaires pour sensibiliser les éleveurs à cette maladie et ses risques. Des réflexions sont également en cours pour mettre en place un réseau d’éleveurs sentinelles dans le cadre de la surveillance du risque d’émergence de cette maladie.