Nécrose hématopoïétique infectieuse

1. Quel est l’agent responsable ?

La nécrose hématopoïétique infectieuse est causée rhabdovirus. C’est une maladie virale hautement infectieuse touchant plusieurs espèces de salmonidés. Il fait l’objet d’une inscription sur la liste des maladies aquatiques de l’OIE (Code Sanitaire pour les animaux aquatiques, chapitre 1.3.) (OIE, 2016) et est réglementé par l’Union Européenne (Directive 2006/88/EC). Au niveau national, il est classé comme danger de 1ère catégorie (arrêté du 29 juillet 2013).

Les conséquences cliniques et économiques principales de la NHI se produisent dans les fermes aquacoles produisant de la truite arc-en-ciel où les manifestations aiguës peuvent aboutir à une mortalité très élevée. Le frai et les juvéniles de moins de 6 mois sont les plus sensibles à la NHI. Les saumons atlantique, keta, argenté, japonais, sockeye, chinook peuvent être aussi sévèrement touchés.

 

2. Comment çà se transmet ?

L’infection est transmise horizontalement par l’eau, et les sécrétions et contacts directs avec des poissons malades. Le virus de la NHI peut conserver son pouvoir infectant pendant plusieurs semaines voire mois dans les sédiments. Les géniteurs de salmonidés porteurs inapparents sont le principal réservoir de la NHI. La transmission par la surface des œufs issus de géniteurs contaminés est favorisée lorsque la désinfection de surface des œufs est imparfaite.

Le virus libéré peut parcourir 10 à 20 km au fil du courant avant d’atteindre des populations sensibles. Les oiseaux piscivores peuvent agir comme vecteurs passifs.

 

3. Quels sont les symptômes ?

La maladie est en général caractérisée par une augmentation brutale de la mortalité en l’absence de lésions décelables.

Les poissons malades présentent des signes cliniques :

  • léthargie avec des accès d’hyperactivité,
  • mélanose,
  • branchies anémiées,
  • ascite,
  • abdomen dilaté,
  • exophthalmie,
  • et des pétéchies internes et externes.

Historiquement, l’éventail géographique de la NHI était limité à la partie occidentale de l’Amérique du Nord, mais la maladie s’est étendue en Europe continentale et en Extrême-Orient via l’importation de poissons et d’oeufs infectés. Parmi chaque espèce de poissons, il y a un degré élevé de variation de sensibilité à la NHI. L’âge des poissons est extrêmement important : plus les poissons sont jeunes, plus ils sont prédisposés à la maladie.

Comme pour le virus de la septicémie hémorragique virale, le bon état de santé global des poissons semble diminuer la sensibilité manifeste à la NHI.Les poissons deviennent de plus en plus résistants à l’infection et devenir porteurs asymptomatiques.

 

4.Comment établir le diagnostic ?

La méthode officielle de confirmation de la présence du vNHI dans des tissus de poissons ou leurs fluides biologiques (liquide ovarien ou séminal) a pendant longtemps reposé sur une phase de mise en culture des échantillons recueillis sur lignées cellulaires adaptées, suivie, en cas de visualisation d’effets cytopathiques (ECP), d’une identification par immunofluorescence, séroneutralisation / ELISA ou par méthode moléculaire (Décision 2001/183/CE).

 

5. Comment l’éviter ?

L’approvisionnement en eau doit être indemne de virus.

Le statut sanitaire des poissons doit être maîtrisé notamment lors de leur introduction à la fois dans la pisciculture ou dans le bassin versant de la pisciculture et en particulier lors de l’introduction d’oeufs.

Les fermes aquacoles ou des zones aquacoles peuvent obtenir le statut « indemne de la maladie » après la mise en œuvre d’un programme de qualification et sous réserve du respect des mesures strictes et spécifiques de la qualification.

 

6. Le P.N.E.S. Plan National d’Eradication et de Surveillance

Le P.N.E.S. a pour objectif la qualification indemne de S.H.V. et de N.H.I. du territoire national grâce à la mise en place d’un dispositif national de prévention, de surveillance et de lutte contre ses maladies. Il fait l’objet de l’arrêté ministériel du 27 juin 2018 (publié le 29/06/18 au JO) précisant les modalités de sa mise en œuvre envisagée de façon progressive ; en fonction des besoins exprimés par les pisciculteurs. Le choix d’entrer dans le P.N.E.S. est une démarche volontaire.

Plusieurs régions francaises se sont déjà engagées depuis 2018 dans cette démarche : les Hauts de France, le Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Centre Val de Loire et la Normandie

La Région Pays de la Loire est une petite région de pisciculture en nombre d’entreprises (une bonne vingtaine), en volume (500 à 800 T) et en Chiffre d’Affaires (6 à 10 millions d’€). Mais la principale caractéristique vient des productions très diversifiées avec de la pisciculture marine et de la pisciculture continentale. Le PNES facilitera les démarches de qualification de grands territoires en rendant obligatoire la surveillance ciblée des fermes aquacoles. Il permettra en outre à l’Etat français de solliciter des aides au titre du FEAMP ce qui peut s’avérer particulièrement utile en cas de découverte de foyers. En effet, les éventuels foyers de S.H.V. et de N.H.I. qui pourraient être identifiés lors du programme seront systématiquement éliminés et indemnisés de façon à couvrir au mieux les pertes financières réelles pour les entreprises.

Le Conseil Régional d’Orientation de la Politique Sanitaire Animale et Végétale (CROPSAV) doit reconnaitre le P.N.E.S. pour sa mise en place sur la région Pays de la Loire. Il aura lieu d’ici fin 2020.