La Maladie des Muqueuses (BVD)

1. Quel est l’agent responsable ?

C’est un virus. Il est transmis lors de contact direct entre bovins, ou indirect lors de contact avec du contact avec des sécrétions bovins contaminées. Comme la plupart des virus, il survit peu de temps en milieu extérieur. Ses effets peuvent être particulièrement dévastateurs, notamment dans les cheptels de taille importante et non immunisés ou non protégés.

 

2. Comment cela se transmet ?

Les sources de contamination les plus importantes sont les achats, le voisinage, l’utilisation de matériel en commun. La contamination se fait par contact mufle à mufle, ou avec des matières contenant le virus (sécrétions nasales, sang, matières fécales, lait…) ou il peut résister jusqu’à une semaine.

 

3. Quels sont les symptômes ?

La maladie des muqueuses touche les IPI. Ils présentent alors une diarrhée souvent hémorragique, qui ne répond à aucun traitement. D’autres signes peuvent y être associés comme le jetage, les ulcères en « coup d’ongle » dans la bouche ou entre les onglons, un poil piqué.

Les séries d’avortements et les mortalités embryonnaires touchent en général plusieurs animaux d’un même lot et d’une même tranche d’âge, sur une courte période (3 à 6 mois).  Les chaleurs sont alors le plus souvent non cyclées.

Les retards de croissance peuvent être accompagnés de problèmes digestifs (diarrhée intermittente) ; ces animaux ont souvent mauvais aspect (poil piqué, …). Au sein d’un lot, un animal IPI peut également occasionner des retards de croissance sur les autres bovins.

D’autres symptômes peuvent être observés, tels que des diarrhées sur les jeunes veaux, des problèmes pulmonaires ou encore des malformations congénitales (veaux aveugles, sans queue, etc. …). Les diarrhées et problèmes pulmonaires constituent en fait des complications occasionnées par le passage du virus de la BVD.

  • Qu’est qu’IPI ?

C’est un bovin qui dès sa naissance est vecteur du virus BVD. Il l’excrète en permanence jusqu’à sa mort, qui survient en général avant 2 ans, plus rarement après cet âge. Dans ces rares cas, nous avons pu trouver des bovins gestants IPI. La descendance est alors systématiquement IPI.

Dans bon nombre de cas, les IPI ne se différencient pas durant les premiers mois des autres bovins.

  • Comment un bovin devient IPI ?

Un bovin ne peut naître IPI que s’il a été contaminé alors qu’il était fœtus, lors des premiers mois de gestation de sa mère.

Un bovin contaminé après sa naissance ne sera pas IPI. Il produira des anticorps qui lui permettront de lutter et de se débarrasser du virus en quelques semaines. Hélas, il peut aussi manifester les symptômes cités précédemment (diarrhée, problème respiratoire) et en mourir dans le pire des cas.

  • Pourquoi la maladie plus ou moins grave dans un cheptel ?

Cela dépend du moment où le virus circule. Les conséquences en élevages sont plus souvent limitées lorsque que le virus circule en fin de gestation. C’est en partie une des raisons pour lesquelles certains élevages contaminés observent très peu de symptômes sur leur cheptel.

Les conséquences les plus graves surviennent après circulation du virus entre 1 et 4 mois de gestation, dans les cheptels ou les vêlages sont regroupés.   De nombreux IPI peuvent alors naître, avec des conséquences désastreuses.

  • Y a-t-il une immunité ?

Les bovins contaminés après leur naissance par le virus BVD produisent des anticorps qui leur assurent une protection contre d’éventuelles infections BVD ultérieures. La durée de cette protection est variable. Au regard des protections annoncées par les fabricants des vaccins vivants, on peut déduire qu’elle est d’au moins un an. Il existe une variation individuelle, certains bovins présentent des anticorps pendant de plusieurs années.

La vaccination confère également une bonne immunité.

 

4. Comment établir le diagnostic ?

  • Le diagnostic direct : la virologie, une recherche du virus. Elle peut se faire sur le sang ou le cartilage auriculaire. Deux méthodes d’analyse sont disponibles : la PCR ou l’antigénémie E0

Interprétation :

  • il n’y a pas excrétion de virus en quantité suffisante pour être détectée ;
  •   en règle générale, ce n’est pas un IPI ;
  • soit c’est un infecté transitoire* à un stade où le virus n’est pas en quantité suffisante pour être détecté (cf. schéma ci-dessous) ;
  • soit c’est un animal qui n’est ni IPI, ni virémique transitoire et ne présente donc aucun danger pour ses congénères
  •   il y a excrétion de virus BVD en quantité suffisante pour être détectée ;
  • il y a danger! soit c’est un IPI,
  • soit c’est un infecté transitoire*

Un recontrôle 2 à 3 semaines plus tard peut être nécessaire pour trancher; si le résultat devient négatif, c’est qu’il s’agissait d’un infecté transitoire. Le recontrôle sera réalisé ou non selon le contexte dans lequel l’analyse a été faite, selon la présomption que l’on a d’être en présence ou non d’un IPI.

  • Le diagnostic indirect : la sérologie, une recherche d’anticorps, ce qui traduit une réaction immunitaire due à un passage de BVD

Interprétation :

  • il n’y a pas d’anticorps en quantité suffisante pour être détectés ;
  • soit l’animal n’a pas été en contact avec le virus BVD ;
  • soit cela fait trop peu de temps pour qu’il y ait eu séroconversion* (cf. schéma ci-dessous) ; dans ce cas, une seconde sérologie 2 à 3 semaines plus tard permet de savoir si on est en phase de séroconversion* ou non ;
  • soit il s’agit d’un IPI ; dans ce cas, selon le contexte dans lequel on réalise cette analyse, l’association avec une virologie permet de s’orienter.
  • il y a des anticorps détectables par sérologie ;
  • soit il y a eu une infection, mais on ne sait pas depuis combien de temps. La protection est durable, le taux d’anticorps détectables est suffisamment élevé pendant au moins 2 ou 3 ans (voire plus) pour rendre une sérologie positive ;
  • soit l’animal a été vacciné avec certains vaccins ;
  • en règle générale, l’animal n’est pas IPI, puisqu’il y a une trace de réaction immunitaire contre le virus : or, l’IPI n’est pas capable de produire des anticorps P80, qui sont ceux détectés par les tests les plus couramment utilisés

Les analyses peuvent être réalisées en individuelle ou en mélange.

Lors qu’un bovin est certifié non IPI car sa virologie est négative, sa mère l’est également. Il s’agit d’une qualification par ascendance.

 

5. Comment maitriser la maladie dans mon cheptel ?

Dès lors qu’une circulation virale est avérée dans un éleveur, notamment par la détection d’un IPI dans le troupeau, l’ensemble du troupeau doit être dépisté. Tous les IPI détéctés devront alors être éliminés du troupeau.

Il faudra pour sécuriser dépister depuis tous les veaux niassants pendant un an afin de s’assurer qu’ils ne sont pas IPI. Effectivement toutes les vaches en gestation lors de la détection de la BVD dans le troupeau peuvent être porteuses d’un IPI.

 

6. Comment prévenir ?

Les risques les plus importants d’introduire la BVD sont les achats et les contacts étroits de voisinage. Les achats, s’ils sont peu nombreux, peuvent être gérés en demandant au Laboratoire d’effectuer une analyse virologique (ou nouvelle technique PCR).

Il est important que l’animal ne soit pas en contact avec les animaux du cheptel tant que le résultat définitif n’est pas connu.

Si les achats sont très nombreux (ateliers taurillons, veaux de boucherie…), la vaccination est une précaution recommandée.

La vaccination doit être réfléchie pour protéger les femelles en début de gestation.

Il faut l’envisager par exemple pour les génisses, si elles sont élevées dans un environnement où la BVD n’est pas maîtrisée.

Les risques liés aux contacts avec le voisinage peuvent être fortement limités par la mise en place de doubles clôtures, de façon à ce que les bovins ne puissent plus avoir de contact mufle à mufle.

 

7. Les actions du GDS :

La surveillance :

Depuis 2003 (2005 pour les élevages allaitants), le GDS fournit aux éleveurs des indicateurs BVD. Les résultats positifs indiquent une circulation du virus dans les élevages qui ne vaccinent pas. Cette action, ainsi que les nombreux conseils et informations transmises aux éleveurs ont permis à ce jour d’atteindre une proportion de 80 % d’élevage négatif dans notre département.

Le 31 Juillet 2019, une évolution majeure est apparue. La BVD est devenue maladie réglementée. Cela implique de nouvelles mesures, gérée par le GDS (maître d’œuvre), en appui avec les vétérinaires.

La surveillance et la lutte sont devenues obligatoire.

En Maine et Loire, la surveillance des cheptels est une surveillance sérologique :

  • Élevage laitier : 4 Analyses sur lait de tank
  • Élevage allaitant : Analyses annuelles sur mélange de sérum de tous les bovins de 24 à 48 mois

Si les indicateurs sont dégradés, et après échange avec le GDS et le vétérinaire, une recherche sérologique sur 10 animaux entre 8 et 24 mois (« sentinelles ») non vaccinés peut être réalisée pour savoir si le passage du virus est récent ou non. (il faut exclure au préalable qu’aucun animal a été vacciné dans le lot qui est ressorti positif)

L’objectif est d’éradiquer définitivement de la maladie au niveau national. Cela permettra à terme des économies pour les éleveurs, et la conservation de nos marchés export.

L’assainissement :

Des plans de dépistage pour rechercher les IPI sont mis en place dans les cheptels infectés. Le GDS aide ses adhérents sur les analyses et l’élimination des veaux IPI.

Tous les animaux doivent être dépistés sous un mois, phase de dépistage initial. Les naissances doivent être dépistées par bouclage auriculaire pendant 1 an afin d’éliminer tout IPI qui aurait pu être créer lors du passage de BVD dans le troupeau.

Les IPI détectés ne peuvent plus être vendus à l’élevage afin de ne pas contaminer d’autres cheptels , ces derniers devant être abattus ou euthanasiés dans les 15 Jours suivant le résultat.

Les achats :

Depuis octobre 2021, dans le cadre d’une demande de dérogation au contrôle d’introduction, le bovin doit être également qualifié NON IPI ou fournir un résultat virologique négatif lors de la demande.

8. Les aides du GDS :

Confort Sécurité
Indicateur cheptel

Sentinelles

Reprise individuelle si sentinelle positive

100%

100%

80%

100%

100%

80%

Analyse sur cartilage auriculaire

  • Soit un reste à charge éleveur
Tarif préférentiel

4,78 €/BV

80%

0,96 €/BV

Plan de lutte :

  • Analyses
  • Aide à l’élimination des IPI
 

Tarif préférentiel

 

80%
50 à 250 € / BV

Achats : Kit Intro tarifs préférentiels Oui Oui
Analyse à l’achat/vente 80% 80%

9. FAQ

  • Je suis sous surveillance avec la pose de boucles sur mes veaux, combien de temps cela va t-il durer?

Le bouclage des veaux est prévu pendant 12 mois après la sortie du dernier IPI, ensuite il peut être arrêté.

  • J’ai bouclé un an et je n’ai pas retrouvé de veaux IPI à quoi sert le bouclage?

Le bouclage est une mesure de surveillance visant à contrôler que des veaux ne naissent pas IPI car les analyses réalisées sur vos bovins adultes montrent un passage du virus. La sérologie est positive mais la date du passage viral reste inconnue. Le bouclage permet de vérifier qu’il n’a pas engendré d’IPI et de savoir si le passage est récent ou non. Si aucun veau n’est détecté IPI le bouclage vous permet de qualifier tous les veaux nés sur cette période ainsi que les mères.

  • Pourquoi n’est-il pas possible de garder mon animal IPI pour l’engraisser ?

En gardant un animal IPI même isolé dans votre élevage, le risque de contaminer les autres bovins existe. De plus, ces animaux sont souvent des non valeurs économique et l’argent investi pour les engraisser est bien souvent gaspillé. En effet, peu arrive à un poids correct pour être abattu et ne meurt pas avant.

  • Mon animal a des anticorps BVD, il est IPI?

Un animal IPI est un fœtus contaminé dans le ventre de sa mère, c’est la seule façon d’avoir un IPI. Il devient alors tolérant au virus BVD et ne fabriquera jamais d’anticorps BVD de toute sa vie mais disséminera le virus dans l’élevage. Un animal né NON IPI le restera toute sa vie même s’il pourra transitoirement attraper le virus.

  • Un animal IPI peut-il guérir ?

Le virus BVD fait partie intégrante de l’animal. Seule la mort de l’animal permet de stopper l’excrétion virale d’où l’intérêt d’éliminer au plus vite un animal IPI de son troupeau.

  • Est-il nécessaire de dépister les avortons et les veaux morts nés ?

L’identification n’est pas obligatoire en cas d’avortons ou morts nés. Si vous avez un indicateur non négatif, il est fortement conseillé de dépister le veau pour la BVD. Si le résultat obtenu est positif, c’est une information capitale pour la gestion de la maladie dans l’élevage concerné.