Dossier du mois –> Février 2024

Campagne de dépistages dans le lait de tank caprins

 

Votre GDS organise en 2024 une campagne de dépistage de plusieurs maladies à partir des laits de tank caprin. Cette action est proposée à l’échelle des régions Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, en collaboration avec les acteurs de la filière caprine.

L’objectif de cette campagne est de permettre à chaque éleveur caprin de bénéficier de nouvelles méthodes de dépistage, tout en limitant les coûts par la mutualisation des démarches et la recherche de subventions. L’interprétation de la situation d’un troupeau ne pourra se faire qu’à partir de l’analyse d’au moins 2 laits de tank, prélevés à différents stades de lactation. Les analyses seront réalisées entre le 1er mai et le 1er novembre 2024 de façon groupée pour tous les élevages.

 

Analyses sur laits de tank :

Le lait de tank présente l’intérêt majeur d’être facile à collecter et représentatif de l’ensemble des chèvres en lactation.

Le choix des maladies ciblées a été fait après avoir confirmé la fiabilité des méthodes de dépistage disponibles et la possibilité pour les éleveurs de valoriser concrètement les résultats. De nombreux travaux ont été conduits dans ce sens en collaboration avec les GDS, vétérinaires et laboratoires d’analyses et de recherche, notamment dans le cadre du programme OMACAP et de la commission sanitaire caprine Grand-Ouest.

En fonction des maladies et des tests disponibles, il a été jugé plus pertinent de rechercher :

  • Les agents pathogènes : mycoplasmes et fièvre Q, recherchés par PCR
  • Les anticorps : CAEV, LC et paratuberculose, recherchés par sérologie ELISA

 

Le CAEV

Une arthrite ankylosante d’évolution lente apparait le plus souvent chez des multipares, et au plus tôt chez des caprins âgés de 6 mois. Les boiteries se manifestent en fin d’évolution et peuvent conduire à un amaigrissement par défaut d’alimentation notamment. La forme la plus fréquente et spécifique du CAEV est le « gros genou », mais de nombreuses articulations peuvent être atteintes.

Les atteintes mammaires sont a priori fréquentes dans les élevages présentant des atteintes articulaires, mais leur impact est beaucoup plus difficile à objectiver. La forme la mieux identifiée, mais plus rare, est celle du « pis de bois ». Elle correspond à une induration brutale étendue à une ou deux demi-mamelles. La baisse de production est très variable en fonction de l’étendue des lésions, mais la mamelle n’est pas chaude, le lait reste d’aspect normal et l’élévation du niveau cellulaire est modérée.

Les cas d’encéphalomyélite sont des formes rares de CAEV, concernant uniquement les jeunes caprins, vers l’âge de 4 à 6 mois, et touchant généralement peu d’animaux.

 

La Lymphadénite caséeuse

Les abcès externes et internes chez les caprins adultes sont le plus souvent dus à Corynebacterium pseudotuberculosis, l’agent de la lymphadénite caséeuse.

Ces abcès sont principalement localisés au niveau des nœuds lymphatiques externes correspondant aux zones de peau fragilisées et permettant la pénétration des bactéries, soit sur la tête et la base de l’encolure

Il existe de nombreuses autres localisations externes et internes (poumons, mamelle, intestins, encéphale…). Des symptômes secondaires peuvent être observés selon la localisation des abcès, mais ils concernent un faible nombre d’animaux : étouffement, amaigrissement, signes nerveux …

 

La Paratuberculose

La maladie est due à la présence d’une bactérie de la famille des bacilles, appelée Mycobacterium Avium subsp. Paratuberculosis (MAP), très résistante dans le milieu extérieur. La contamination d’un animal se fait généralement avant l’âge de 6 mois, par voie orale. Les fèces de chèvres atteintes sont la principale source de contamination de l’environnement.

La maladie évolue lentement, et ne se déclenche souvent pas avant 2 ans, généralement à la faveur d’un stress chez l’animal (mise-bas, vente…). Elle se traduit, au sein d’un troupeau, par des animaux présentant un amaigrissement progressif pendant 2 à 3 mois sans perte d’appétit et un affaiblissement pouvant aboutir à la mort. Contrairement au bovin, il y a peu d’épisodes de diarrhée abondante.

L’importance de la maladie tient avant tout aux pertes économiques que cette maladie entraine dans un élevage : baisse de la production laitière, réforme précoce des chèvres maigres, mortalité…

 

Les Mycoplasmes

Les mycoplasmes sont des affections d’origine bactérienne se traduisant cliniquement par des symptômes respiratoires et / ou mammaires et / ou articulaires (voire oculaires), touchant aussi bien les adultes que les jeunes. Ces mycoplasmes pathogènes sont régulièrement présents dans les élevages caprins mais la fréquence des épisodes cliniques est variable. Les mycoplasmes se transmettent d’un animal à l’autre par contact direct avec des animaux infectés, par les sécrétions respiratoires ou laitières, ou par l’intermédiaire de matériel contaminé.

 

La Fièvre Q

La fièvre Q est une maladie due à une bactérie, Coxiella Burnetii, affectant de nombreuses espèces animales, dont l’ensemble des espèces de ruminants, mais également l’Homme. On parle de zoonose : l’infection se transmet de l’animal vers l’Homme. Dans la majeure partie des cas, chez l’animal comme chez l’Homme, aucun symptôme n’est observé. On parle de forme asymptomatique. Lorsqu’elle se manifeste cliniquement, la fièvre Q occasionne principalement des avortements de fin de gestation ou des mises-bas prématurées. A noter que si au sein d’une portée un des produits est mort ou non viable, on peut déjà parler d’avortement même si les autres sont vivants. La maladie peut aussi se traduire par des troubles de la fertilité notamment chez les bovins, de la mortalité néonatale ou la naissance d’animaux chétifs.

Gestion des résultats

Les limites de ces tests doivent être prises en compte dans l’interprétation des résultats. En plus des limites propres aux caractéristiques des tests utilisés, leur capacité à détecter une maladie varie en fonction de la nature de la maladie (intensité et fréquence de la présence d’anticorps ou de pathogènes dans le lait de tank) et de son expression dans l’élevage (présence de cas cliniques ou portage asymptomatique) et d’autres facteurs (taille du troupeau, stade de lactation, ancienneté de l’introduction du pathogène…). Ainsi, l’absence de détection d’une maladie devra être interprétée au cas par cas, et elle ne pourra dans tous les cas pas permettre de conclure à l’absence de cette maladie dans un troupeau. Les résultats seront restitués en décembre 2024. Ils seront accompagnés de recommandations générales pour la surveillance, la prévention et la maîtrise clinique des maladies, y compris lors d’achats ou de ventes d’animaux. Le vétérinaire sanitaire sera le seul autre destinataire des résultats.