Dossier du mois –> Juillet 2023

Le billet de garantie conventionnelle pour une meilleure maitrise sanitaire des introductions d’ovins

La plupart des maladies s’achètent et si certaines précautions ne sont pas prises, une seule introduction peut provoquer une catastrophe sanitaire et forcément économique. La gestion sanitaire des introductions est donc une mesure majeure de biosécurité.

Attention on définit par introduction, les achats, mais aussi tout autre entrée dans un élevage, mise en pension, passage d’un élevage à l’autre dans le cas de prêt de bélier… pour différents motifs : agrandissement de troupeau, renouvellement, voire création de cheptel.

Le risque sanitaire varie en fonction du nombre d’élevages fournisseurs (et de leur statut sanitaire), du nombre et de la catégorie des animaux introduits (âge, sexe, gestation).

L’éleveur introducteur doit s’appuyer sur l’historique de l’élevage d’origine, de l’examen des animaux introduits, le billet de garantie conventionnelle ovin et des analyses.

Le billet de garantie conventionnelle est un document consigné par le vendeur et l’acheteur servant d’abord de base de discussion entre les deux parties sur l’état sanitaire des animaux. Mais c’est surtout un accord entre les éleveurs puisque le vendeur s’engage à reprendre et à rembourser les animaux s’ils sont atteints par certaines maladies définies.

A savoir que dans la majorité des cas, il n’y a aucun recours possible auprès du vendeur sauf si ce billet de garantie conventionnelle est utilisé.

Il a largement fait ses preuves en élevage bovin, les GDS Pays de la Loire l’ont donc élaboré pour l’élevage ovin suite à des demandes. Il est disponible en cliquant ICI

Il faut échanger avec le vendeur pour recueillir de nombreuses informations : le troupeau est-il sous appellation « indemne de brucellose ovine » ? Quand ont été effectuées les dernières prophylaxies ? L’éleveur a-t-il connaissance de pathologies dans son troupeau ?

Trois maladies principales ont été identifiées comme responsables d’avortements chez les moutons : fièvre Q, chlamydiose et toxoplasmose. Une fois l’épisode abortif passé, certains animaux peuvent rester porteurs sains et ils présentent ainsi un risque de contamination du cheptel lors d’introduction. Si une vaccination a été réalisée, elle doit être signalée car elle pourrait interférer dans les résultats des analyses sérologiques. Une vaccination contre le piétin ou l’entérotoxémie voire la paratuberculose peut également avoir été mise en place. En cas de statut inconnu ou à risque, des dépistages complémentaires devront être réalisés.

Lors de l’examen visuel des animaux, les principaux points à observer sont les suivants : aspect et état général, qualité de la toison et des aplombs, absence de boiterie ou d’ecthyma, examen de la dentition… Il est également important de vérifier l’absence de myiases et de gale psoroptique.

Deux mouches provoquent des myiases ovines en France : Lucilia sericata responsable des myiases classiques et Wohlfahrtia magnifica qui constitue une nouvelle menace. Elle est attirée par tout écoulement de liquides physiologiques (sang, sérosité, sécrétions vulvaires), d’où les principales localisations des lésions : espaces interdigités, vulve, nombril, plaies. L’acheteur doit examiner tous les animaux, avec une attention particulière des zones à risque (pieds et vulves sur les brebis).

La gale psoroptique se caractérise par l’apparition, sur plusieurs ovins du même lot, de démangeaisons, de plaques de laine arrachées au niveau des flancs ou du dos et d’une peau enflammée, couverte de croutes et épaissie. On observe également des animaux qui portent la maladie sans symptômes et qui sont les plus dangereux.

L’isolement / quarantaine avant la réception des résultats est impérative pour limiter l’introduction des pathogènes dans le troupeau. A noter que dans le cadre d’un accord tacite entre les deux parties, les différentes recherches peuvent être effectuées chez le vendeur, évitant ainsi le mouvement d’animaux dans le cadre de résultats défavorables.

Pour réussir son introduction il faut donc :

  • Compléter et signer le billet de garantie conventionnelle en 2 exemplaires : un conservé par l’acheteur et un autre conservé par le vendeur.
  • Isoler les animaux introduits et les maintenir en quarantaine jusqu’à la réception des résultats d’analyses. Vous pouvez réaliser d’autres analyses à l’introduction que celles du billet de garantie, par contre, les résultats de ces analyses n’engageront pas le vendeur.
  • En cas de résultat positif, prévenir le vendeur dans les 30 jours après l’arrivée des ovins. Au besoin, demandez conseil à votre vétérinaire ou votre conseiller GDS.

 

Delphine AUBRIOT

GDS Pays de la Loire