Dossier du mois N°12–> Mars 2022

Dossier biosécurité : quelles mesures adapter à son exploitation ?

Nous avions abordé la biosécurité dans un précédent dossier suite au Plan de Relance de l’État avec le Pacte Bien-être Animal Biosécurité pour des financements sur du matériel d’élevage à destination de toutes les espèces de ruminants.

Nous souhaitons aujourd’hui réaborder ce sujet sous l’angle technique et pratico-pratique. Qu’entend-on par biosécurité ? Quelles sont les bonnes pratiques ? Et comment déterminer les risques de mon élevage et quelles mesures devrais-je mettre en place pour mieux sécuriser mon élevage ? Nous vous présenterons pour finir la boite à outils GDS actuelle et celle à venir pour vous accompagner dans votre projet d’élevage.

– Qu’est-ce que la biosécurité ?

Terme peu développé dans le langage en élevage de ruminants jusque très récemment mais déjà bien connu en élevage porcin et avicole. Pourtant depuis quelques années, il est dans la bouche de tous les intervenants en élevage, tout type d’élevage confondu. Mais finalement la biosécurité, c’est déjà le quotidien des éleveurs, nous appelions juste çà « mesures de prévention ».

Derrière le mot de « biosécurité », on entend donc une démarche globale de la prévention en élevage. Il s’agit d’un ensemble de mesures générales qui vont permettre de :

  • Prévenir l’introduction de nouveaux agents pathogènes dans l’exploitation,
  • Limiter la dissémination des agents pathogènes au sein du cheptel et donc réduire l’impact des maladies (signes cliniques, fréquence des animaux malades, mortalité, usage des antibiotiques ou plus globalement des médicaments),
  • Diminuer les risques de propagation des agents pathogènes vers d’autres élevages et à l’Homme.

 

Avec l’apparition de nouvelles maladies vectorielles et l’accroissement des mouvements d’hommes et d’animaux dans les exploitations par exemple, adopter des mesures de biosécurité est indispensable pour limiter les risques sanitaires en élevage.

 

Dans un premier temps, il s’agit de sectoriser l’exploitation qui peut se raisonner en 3 zones : la zone publique, la zone professionnelle et la zone d’élevage. Le principe d’une telle délimitation est d’éviter la diffusion des agents pathogènes d’une zone à l’autre en imposant une gestion des flux et des règles de circulation pour les personnes, les animaux et produits d’origine animale, l’alimentation, la litière, le matériel, les véhicules et équipements.

Les limites entre les différentes zones sont le plus souvent « virtuelles ». L’objectif est de pouvoir tout de même rapidement les identifier afin de respecter les règles de circulation d’une zone à l’autre. Pour cela, l’éleveur met en place une délimitation (chaine, corde…) et une signalétique adaptée (panneau, fléchage, affichage) indiquant les zones accessibles ou non aux véhicules extérieurs (quai d’embarquement, silos d’aliments…) ou aux personnes (parking visiteurs, locaux de vente en cas de production fermière…).

Par exemple le camion d’équarrissage ne devrait pas traverser la zone d’élevage et les intervenants en élevage doivent se garer en zone publique et non en zone professionnelle voire d’élevage. Il n’est pas rare qu’un intervenant extérieur se gare au plus proche des animaux car la zone de parking n’est tout simplement pas indiquée. Connaitre ces zones et surtout le faire savoir aux personnes extérieures est fondamental.

Il peut paraitre difficile voire impossible d’obtenir un schéma d’exploitation tel que présenté ci-dessous car les exploitations se sont développées au fur et à mesure des années et bâties sur de l’existant mais il est fort probable que certaines mesures soient réalisables.

 

– Prévenir l’introduction de nouveaux agents pathogènes dans l’exploitation

 

Quels sont les vecteurs d’introduction d’agents pathogènes ?

Ils sont bien nombreux :

  • L’introduction d’animaux
  • La visite d’intervenants extérieurs
  • La gestion des vecteurs animaux (nuisibles, faune sauvage, animaux domestiques) que les animaux soient en bâtiment ou au pâturage
  • Le matériel en commun
  • La préparation et stockage des fourrages et aliments.
  • Le contact entre animaux d’exploitations différentes.

Il existe un certain nombre de mesures qui permettent de limiter les risques tel qu’un lave botte à l’entrée de l’exploitation ou la quarantaine. Même si cette dernière est difficile à mettre en place en cas de vache laitière en lactation la réalisation de prise de sang avant introduction permet de se sécuriser.

En fonction de son système d’élevage, identifier les vecteurs d’introduction permet ensuite de déterminer les mesures de surveillance adéquates pour éviter toute introduction.

Nous vous rappelons qu’il existe un billet de garantie conventionnelle téléchargeable sur le site internet du GDS (voir le billet de garantie conventionnelle) qui vous permet de fixer les règles d’achats et de reprises en cas d’achat de bovin positif aux maladies que vous aurez choisies de sécuriser.

 

– Limiter la dissémination des agents pathogènes au sein du cheptel

Ces dernières mesures peuvent ne pas suffire et des germes peuvent rentrer sur l’exploitation. L’objectif suivant est donc de contrecarrer sa dissémination.

La première mesure, connue mais indispensable, reste l’isolement des animaux malades dans une infirmerie. Cet espace ne doit pas avoir d’autre fonction (ex : box à vêlage).

La marche en avant consiste à se déplacer et à travailler selon un certain ordre et sans revenir sur ses pas afin de circuler du secteur le moins à risque vers le plus à risque en matière de contamination.

Tout cela ne vaut que si l’hygiène est assurée au quotidien. Le nettoyage et la désinfection concernent aussi certains matériels comme le tracteur ou la mélangeuse, qui doivent être nettoyés et désinfectés régulièrement (pour enlever les restes d’aliment collés et moisis). Les bâtiments (aires paillées, salle de traite) doivent être aussi décontaminés régulièrement, de même que les box de vêlage, infirmerie et cases individuelles de nurserie après chaque utilisation.

La formalisation par écrit et le respect effectif d’un plan de nettoyage et de désinfection permettent l’application des bonnes pratiques par toutes les personnes travaillant dans l’élevage. Ce plan établi pour les différents secteurs de la zone d’élevage comprend les protocoles, la nature des produits désinfectants et leurs modalités d’utilisation suivant les situations, ainsi que les fréquences de mise en œuvre.

Et puis maintenir des animaux en bonne santé dans des conditions de bien-être optimal fait partie des mesures de biosécurité. La santé repose notamment sur une bonne alimentation et abreuvement, du confort et des mesures médicales préventives adaptées et raisonnées. Ainsi ils ont un système immunitaire efficace et disponible pour lutter contre les pathogènes auxquels ils pourraient être confrontés.

 

– Diminuer les risques de propagation des agents pathogènes vers d’autres élevages et à l’Homme.

 

Les pathogènes peuvent utiliser les mêmes voies de sortie que d’entrée : les animaux, tout support (homme, matériel …) mais aussi les effluents.

 

La surveillance de la situation sanitaire de la filière s’appuie sur une parfaite identification des bovins et un enregistrement de leurs mouvements. De plus, les avortons, placentas et cadavres d’animaux doivent être écartés du reste du troupeau et placés dans un lieu dédié à l’abri des autres animaux de l’exploitation et des prédateurs (bac d’équarrissage). Il est fortement conseillé de prendre des précautions lors de ces manipulations, avec a minima le port de gants. Il convient également de prévenir l’équarrisseur le plus rapidement possible. Enfin, le camion d’équarrissage doit rester le plus éloigné possible de la zone d’élevage.

 

D’un autre côté, les effluents représentent des sources potentielles de diffusion des maladies. En effet, de nombreux agents pathogènes responsables de maladies infectieuses ou parasitaires sont présents dans les secrétions ou les déjections animales, fécales ou autres (ex : paratuberculose, fièvre Q, salmonellose). On veillera à ce que les effluents soient stockés à l’écart des animaux, préférentiellement épandus sur des cultures, un jour sans vent.

 

Les exploitations accueillant du public doivent être en place des mesures spécifiques afin de protéger ce dernier et vos animaux : une signalisation adaptée dans l’exploitation, des points de nettoyage des mains et bottes et la connaissance de son statut envers certaines maladies transmissibles à l’homme tel que la Fièvre Q.

 

 – Définir son plan de biosécurité

 

A travers cette première partie, il se dessine le besoin de définir ses pratiques, ses risques potentiels pour ensuite mettre en place les mesures adéquates sur son exploitation. Prendre le temps de se poser et définir son plan de biosécurité n’est pas du temps perdu. Il existe un catalogue de mesures, toutes ne sont pas appropriées à ses besoins. Les meilleures mesures de biosécurité sont déjà celles-ci qui seront appliquées au quotidien car adaptées à vos pratiques et risques.

 

 – Boite à outils GDS

 

Le GDS peut vous accompagner dans votre projet biosécurité dans votre élevage à travers une boite à outils complète :

  • Un guide pratique téléchargeable pour chaque espèce de ruminant –> voir les guides pratique
  • Un audit biosécurité réalisé par nos techniciens/vétérinaire
  • Une formation biosécurité à l’image des productions porcines et avicoles qui vous permet de construire votre plan de biosécurité adapté à son élevage et d’être le référent biosécurité de votre élevage. A l’heure actuelle, cette formation est encore non obligatoire en espèces ruminants contrairement à ces deux autres espèces. Cette formation sera dispensée par notre vétérinaire conseil Céline BARBERET sous format VIVEA. Début mai, les élus GDS seront formés puis ensuite elle sera déployée sur l’ensemble du département. Dans l’attente de date, si vous avez des besoins, merci de revenir vers nous.
  • En cas de plan d’assainissement de maladies abortives (néosporose ou fièvre Q), le GDS vous aide à hauteur de 150 euros pour l’achat d’un bac d’équarrissage
  • Une offre de panneaux de signalisation à destination des adhérents est en cours de finalisation.
  • Et bien sûr notre cœur de métier historique sur l’accompagnement aux analyses préventives prises en charge de 60% à 100% : indicateur paratuberculose/néosporose, analyse concours/pré commun, analyse BVD à l’achat …