Dossier du Mois – Novembre 2022

La Fièvre Q est une maladie qui touche toutes les espèces de ruminants. Elle est due à une bactérie Coxiella burnetti, transmissible aussi à l’homme. Nouvellement inscrite dans la Loi de Santé Animale en catégorie E, la Fièvre Q est une maladie à déclaration et surveillance obligatoire.

 

Epidémiologie

Le germe responsable de la Fièvre Q est très résistant, en condition favorable, il peut résister jusqu’à 24 mois dans les litières/fumières et environ 2 semaines dans les aérosols. Une grande variété d’hôtes, animaux domestiques ou sauvages, oiseaux y sont réceptifs.

La contamination s’effectue principalement par voie respiratoire via l’inhalation de microparticules. La période des mises bas est la plus favorable à une circulation intense du germe. Les petits ruminants ayant une période de reproduction saisonnées, la charge bactérienne est d’autant plus importante. Une chèvre après avortement va excréter de grandes quantités de Coxiella B dans les fèces (jusqu’à 30 à 40 jours), dans les sécrétions vaginales et dans le lait sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Dans certains cas, l’excrétion dans les fèces peut précéder l’avortement ou se produire en dehors de tout avortement. Très souvent les animaux excrètent la bactérie sans symptômes.

 

Symptômes

L’expression clinique de la maladie se manifeste par des avortements (classiquement en fin de gestation), des mises-bas prématurées, de la mortalité néonatale ou encore la naissance d’animaux chétifs. L’aspect des enveloppes placentaires et du fœtus n’ont rien de caractéristiques. Le passage de la bactérie peut parfois également entrainer des troubles grippaux.

Lors d’avortements, la déclaration est obligatoire dans le cadre se la surveillance de la Brucellose et le déplacement vétérinaire est pris en charge par l’Etat. Dans ce cadre, effectuer une analyse complémentaire pour la détection de la Fièvre Q est conseillé. Les analyses complémentaires à la Brucellose sont prises en charge à 60% par le GDS. D’après les déclarations 2021 du réseau OSCAR (Observatoire et Suivi des Causes des Avortements chez les Ruminants) la Fièvre Q serait la 2ème causes d’avortement en bovins, la 1ère en caprin et la 2ème en ovin.

 

Diagnostic

La fièvre Q peut se dépister en sérologie ou en PCR mais les deux analyses ne donneront pas la même information.

La PCR est à utiliser lors d’épisode d’avortements afin de mettre en évidence la présence du germe. Les prélèvements peuvent être des écouvillons de mucus vaginal ou de placenta. Il est aussi possible de réaliser des PCR directement sur avorton. Les prélèvements doivent être acheminés rapidement au laboratoire sous couvert du froid et être réalisé maximum dans les 72h suivant l’avortement. L’excrétion étant très variable dans le lait, il est possible de passer à coté sur une analyse de tank (favoriser les périodes de mises bas).

La sérologie est à favoriser lorsque l’on veut avoir une idée sur la situation globale du cheptel. Sur lait de tank ou sur un groupe d’animaux, la présence d’anticorps indique que les animaux ont été en contact avec la bactérie. Lors de regroupement de cheptel ou d’achat il est toujours important de savoir si l’entrée d’un ou plusieurs individus est « compatible » avec la situation sanitaire actuelle du cheptel si celle-ci est connue.

Moyens de prévention et de lutte

Les voies d’entrée dans un cheptel sont nombreuses en corrélation avec sa résistance dans le milieu et son mode de trasnmission. Il est important de réduire au maximum l’introduction d’animaux et de bien gérer les produits de mise-bas. Isoler et tester les individus ayant avortés permettront de diminuer la contamination.

Lorsque la maladie est présente dans le cheptel, la mise en place d’une vaccination est possible dès 2 mois d’âge sans risque d’intéraction avec l’immunité colostrale. Elle permet de diminuer le relargage de la bactérie dans l’environnement, principalement sur le troupeau de renouvellement. En caprins, la vaccination divise par 60 l’excrétion sur les chevrettes et par 20 sur les adultes. Un protocole de vaccination peut être mis en place avec votre vétérinaire sanitaire et le GDS afin de bénéficier d’aides techniques et financières.

Il est important de limiter les opérations d’épandages par temps venteux (entre 8 à 10km d’aéroportée de la bactérie) si la Fièvre Q circule dans le cheptel. Un nettoyage et une désinfection des locaux peuvent aussi diminuer la pression au sein d’un bâtiment d’élevage.

 

Contamination à l’homme

La Fièvre Q est une zoonose, maladie transmissible à l’homme. Lors de sa détection dans un cheptel, les intervenants doivent se protéger (port d’un masque) surtout lors des périodes de mises bas. Les produits de mises bas, extrêmement contaminants doivent être mis dans un bac équarrissage.

Il est souhaitable d’interdire l’accès à toutes personnes extérieures (portes ouvertes, ventes directs…) et de protéger les personnes à risques (femmes enceintes, personnes âgées ou immnodéprimées, …). Les principaux symptômes sont ceux d’une pseudo-grippe, d’une pneumonie ou d’une hépatite.

 

Vous trouverez dans le lien ci dessous des fiches maladies provenant du comité Fièvre Q

–>Améliorer la surveillance et la maîtrise de la fièvre Q chez les ruminants : des fiches pratiques pour les éleveurs et les vétérinaires