Le purpura saisonnier des bovins, une origine encore incertaine

Le purpura saisonnier est un trouble de l’hémostase (Hémostase = arrêt d’une hémorragie) primaire que l’on rencontre chez les bovins pendant la saison de pâturage notamment dans le Maine et Loire où des éleveurs sont touchés tous les ans. Le purpura correspond à de petites hémorragies au niveau de la peau et des muqueuses, le sang sort des vaisseaux, puis reste sous la peau et la muqueuse créant ainsi des petites lésions hémorragiques.  Il peut avoir diverses origines mais pour le purpura saisonnier, on ne sait pas encore très bien à quoi il est du.

Le purpura saisonnier se manifeste la plupart du temps chez des animaux au pré. On retrouve comme symptômes et lésions, des pétéchies (c’est à dire des petites taches rouges sous la peau ou les muqueuses), des muqueuses pâles, un essoufflement de l’animal, une chute de production laitière, du sang dans les bouses ou encore des sueurs de  sang. Cette maladie touche le plus souvent le troupeau de façon sporadique avec seulement quelques animaux malades. Les animaux peuvent être sévèrement touchés ou retrouvés morts en pâture mais certains présentent seulement des pétéchies ou encore des essoufflements.

Une étude menée en collaboration avec l’école vétérinaire de Nantes, les vétérinaires du Maine et Loire (GTV 49 : groupement technique vétérinaire) et  le GDS 49 a été lancée en 2018 et 2019 pour tenter de découvrir quelle était l’origine de cette maladie saisonnière. L’étude a concerné huit exploitations du Maine et Loire qui ont été touchées par le purpura hémorragique saisonnier. Des analyses de sang et des autopsies ont été réalisées par les vétérinaires de terrain et l’école vétérinaire de Nantes pour tenter d’identifier quelles étaient les lésions retrouvées sur les animaux et quel agent pathogène pouvait être responsable de cette maladie ;

Plusieurs hypothèses existaient concernant son origine : une intoxication végétale (fougère aigle, moisissures dans les fourrages secs..), un virus, une bactérie, une réaction immunitaire contre les plaquettes, une hémorragie etc…

Après deux années d’étude, il n’y a encore aucune certitude concernant son origine exacte mais il semblerait que le purpura hémorragique saisonnier soit lié à une réaction immunitaire dirigée contre les plaquettes suite à une infection par un virus ou une bactérie potentiellement transmise par les tiques. En effet, les tiques sont souvent suspectées lors de cette maladie car souvent retrouvées sur les animaux touchés par le purpura et leur pic d’activité est concordant avec la saisonnalité de la maladie.

On conseille donc aux éleveurs ayant connu un épisode de purpura hémorragique une bonne gestion des tiques. Un traitement acaricide permettant de tuer les tiques peut être mis en place mais doit être raisonné en collaboration avec le vétérinaire de l’élevage. Une fois la décision prise il doit être renouvelé régulièrement pour obtenir une bonne couverture des animaux. Les pâtures à risque doivent être débroussaillées un minimum et les haies taillées et aérées. Il existe aussi une stratégie à l’étude qui est de mettre les génisses non gestantes en pâture dans les prés les plus à risque. En effet, le contact régulier des jeunes animaux avec certains agents pathogènes leur permettrait de développer une immunité. Cependant cette méthode n’a pas fait ses preuves et n’est pas sure à 100% car certains animaux présentent des symptômes dès leur première saison de pâture (il existe certainement une sensibilité individuelle de l’animal et un effet dose de tiques dépendant). Ce qui semble donc indispensable, c’est la surveillance rapprochée des animaux mis en pâture. Si des symptômes évocateurs de purpura sont observés il faut changer les animaux de parcelle et se rapprocher de son vétérinaire pour envisager une gestion des tiques plus offensive.

Céline Barberet, Vétérinaire Conseil GDS49